top of page

Patriarcat ou matriarcat, oui... mais !

1) Se poser les « bonnes » questions

Le problème en parlant de matriarcat ou patriarcat c'est que, encore une fois, nous appliquons nos modèles actuels (depuis environ 2000 ans, voir depuis l'apparition de l'écriture) à des groupes d'individus qui vivaient il y a 30 000 ans ou plus. La grosse difficulté est de pouvoir appréhender un mode de vie dans un environnement très différents.

Le monde vit actuellement sur un supercontinent, la Terre. Pratiquement toutes les sociétés y sont interconnectées et ce depuis la fin du moyen âge avec la découverte du continent américain. Plus on remonte dans le temps et plus les populations ont été isolées les unes des autres. Par exemple, les Aztecs n'avaient aucune possibilité d'avoir connaissance de la Gaule par exemple. Par nos lectures ou encore le cinéma, nous sommes baignés dans cette culture « universelle ». Nos modèles de pensées , de comparaisons sont influencés par environ 5500 ans d'histoire au travers de la littérature, des découvertes sociales, historiques et scientifiques. Pouvons nous nous en affranchir ?

 

Quand on parle de matriarcat ou patriarcat, on influence déjà notre système d'évaluation. C'est un peu comme si on demandait à une abeille de compter jusqu'à 3. On se rendrait compte qu'elle ne peux pas et donc qu'elle en est incapable et par conséquence qu'elle n'a aucune notion des quantités. Seulement, si on trouvait l'expérience, l'angle d'attaque, qui s'affranchirait de notre façon d'utiliser les nombres (langage, symboles, etc.) on se rendrait compte qu'elles peuvent dénombrer une quantité de 3 et même jusqu'à 5 (article Sciences et avenir). Ainsi, se poser la question « y avait-il une hiérarchisation patriarcale ou matriarcale à la préhistoire ? » revient à induire la forme que prendra la réponse.

 

Dans ma bande dessinée, la place de la femme lui est dévolue par sa capacité à reproduire notre espèce, ce qui est un fait indéniable. Dans des groupes limités en taille, certains sociologues ont montré qu'un chef n'est pas nécessaire pour la survie de la communauté.

Le système du matriarcat et surtout patriarcat a été inventé pour "marchandiser" l'autre. Dans le patriarcat, la femme est une monnaie d'échange plus ou moins complexe. Elle apporte soit la possibilité d' un statut ou encore un revenu. Mais ce système avait-il un intérêt réel à la préhistoire ?

 

 

 

2) Ne pas se méprendre sur le rôle de la femme

  • La femme aurait apporté un statut 

     

    Cela implique une hiérarchisation de la société et donc l'existence d'individus « supérieurs » aux autres. Si cela a un sens pour nous, c'est parce que nous sommes habitués à vivre dans les communautés larges et interconnectées. A la préhistoire, les groupements étaient éparses, sur des territoires immenses. Il y avait bien des rencontres comme l'attestent les archéologues, même chez Neandertal. Mais, elles étaient relativement rares. Quand on cherche à se rencontrer, il faut avoir des réserves de nourriture et donc avoir eu la possibilité matérielle de planifier les voyages en amont. Ces rencontres coûtaient donc « cher » en énergie et ne pouvaient qu'être occasionnelles. Certains individus pouvaient voyager pour faire du troc, mais les dangers étaient nombreux et les risques de mort, réels. Les individus restaient donc fortement liés à leur groupe.

 

Les paléontologues évoquent parfois des femmes qui changeaient de groupe. Rien ne nous dit qu'elles étaient une monnaie d'échange ou une façon de valoriser un statut. Elles pouvaient très bien changer de communauté par intérêt personnel pour s'éloigner d'un groupe dans lequel elles n'étaient pas à l'aise, voyager ou encore chercher un compagnon.

 

  • La femme aurait apporté un revenu

     

    Cela induit qu'une monnaie existe. Une monnaie peut être virtuelle (l'euro, de l'or, etc.) ou physique (blé, viande, sel, etc.). Des « monnaies » réelles devaient exister à la préhistoire puisque sur de nombreux sites, les archéologues ont trouvé des objets qui, parfois, venaient de lieux éloignés de plusieurs centaines de kilomètres (silex en particulier). Cependant, ce n'est pas parce qu'un système d'échange pouvait exister (sel contre silex par exemple), que la femme y participait d'une façon ou d'une autre.

    Cela voudrait dire que les hommes à la préhistoire avaient pris l'ascendant sur les femmes et les obligeaient à participer à cette marchandisation de leur corps, les réduisant à un rôle de « ventre ». Nous n'avons aucune preuve d'un tel système et nous ne faisons que transposer un système qui existe depuis le néolithique, à une époque reculée de plusieurs dizaines de milliers d'années.

 

3) Conclusion

De mon point de vue, il serait plus intéressant d'essayer de comprendre COMMENT le système patriarcal (ou matriarcal, mais il est maintenant minoritaire dans notre monde « unifié ») a pu prendre son essor.

Dans des petits groupes néandertaliens (20-30 individus) et même chez Sapiens avec des groupes plus importants (une centaines de personnes), la femme n'a pas de raison particulière d'être sous la coupe des hommes (chef, frère, etc.) car tous les individus doivent avoir une place qui sert le groupe au jour le jour. Pourquoi dans un groupe néandertalien, une femme n'aurait-elle  pas eu le droit de se servir d'une arme, alors qu'elle peut aussi bien chasser qu'un homme ? Pourquoi se priver d'une chance supplémentaire de tuer un animal ?

 

Dans ma BD, j'essaye donc d'apporter un début d’explication et de réponse à cette question : qu'est ce qui a fait changer le statut des femmes vis à vis des hommes et comment ont-ils pu trouver, petit à petit, une légitimité à leur volonté de domination ?

départ chasse.jpg
bottom of page